(de g. a dr.) Jan LEONTSKY - Maurice ANDRE - Guy TOUVRON

 

English version below

 

Maurice André, le souffle de l'émotion

par


Jean-Michel René SOUCHE
(Jan LEONTSKY)

 

On ne saurait, dans le monde de la musique, trouver un instrument aussi ancien que la  rompette, si ce n'est évidemment la voix. Ses origines, éminemment guerrières, tendent à la confiner longtemps au rang des instruments populaires et conséquemment bien en-deçà du milieu aristocratique musical. Tel fut malheureusement le cas durant des siècles et il semble que nous vivons encore dans les limbes d'une histoire au passé bien trop lourd.

Le XXIème siècle dira, lui, si le travail accompli par Maurice André doit ou non porter ses fruits.

Dès l'origine, la trompette proclame. Elle porte en avant les messages afin que ceux-ci soient bien entendus, bien saisis. Elle amplifie tout : la gloire d'un roi, la défaite d'une bataille, le jugement divin... Qui veut être entendu le fera proclamer par la trompette.

La trompette devient ainsi l'orateur qui ne dit rien mais dont le souffle sonore, lui, capte les regards et les piègent malgré eux. La trompette force l'attention. Elle est imperator de facto et rien ne saurait lui résister, pas même les murailles de la ville.

La trompette est publique, elle est des grandes cérémonies, des manifestations populaires, elle est des bals et des kiosques...c'est la fille de la musique. La trompette n'est pas des salons privés, des réunions lentes et raffinées de la grande bourgeoisie, non...Elle tempête ou la foule se rassemble.
La trompette est l'instrument des extrêmes : la rue ou la palais. Son souffle puissant ne tolère pas les boudoirs.

Mais aujourd'hui, la trompette ne tient plus le rôle de porte-drapeau que Cioran* a souhaité lui faire jouer. Un artiste hors du commun s'est élevé contre cette tradition et cet artiste, c'est Maurice André.

Maurice André a montré que la trompette pouvait devenir autre chose qu'un instrument de Pouvoir et de Proclamation. Il a montré que la trompette avait une voix bien à elle, une voix tantôt fracassante, tantôt fragile comme un rêve, tantôt hésitante.

Maurice André a montré que la trompette avait une âme.

Ce qui charme en entendant la trompette de Maurice André, ce n'est pas ce qu'il joue, c'est la sonorité de ce qu'il joue. L'enveloppe sonore seule nous charme car ce souffle est unique et irremplaçable. Là où était la brutalité, il met la douceur, là où était la Guerre, il met le calme du soir et là où était la passion, il met la sérénité. C'est un tour de force nonpareil auquel nous assistons, car le son inouï de ce grand artiste parle enfin à notre cœur.

Dès lors, nous comprenons que la trompette est promise à un avenir nouveau, autrement plus riche. Une nouvelle voie se découvre. L'émotion est désormais possible. Ce n'est plus une émotion forcée, comme imposée, mais une émotion consentie et complice. L'auditeur est littéralement sous le charme.

Maurice André a découvert que la trompette n'était qu'un moyen. Que l'essentiel ne gisait pas là, dans ce morceau de métal... Que l'essentiel, c'était l'émotion d'un chant.

Car Maurice André chante bel et bien au travers de ce résonateur de cuivre...Et c'est sa voix qui nous emporte dans ce voyage d'émotion, rien d'autre.

Son secret est là tout entier.

Par cet artiste inégalé, la trompette, jadis crillarde et servile, est devenue un souffle d'émotion pure.

Il y a je ne sais quoi de fragile, de si fugace dans cette trompette-là. Elle devient plus grande encore que le chant de la voix humaine...car elle est souffle pur avant toute chose, elle est donc au commencement. Quelque chose de plus qu'humain résonne dans cette trompette-là, comme un au-delà de l'émotion.

C'est une féérie que ce grand artiste suscite par son génie d'interprète.

Il y a seulement deux races d'artistes, il y a celui qui crée et celui qui exprime ce qui l'a été.
Maurice André est de la seconde, il incarne la musique avec la simplicité, l'humilité des très grands.

Son souffle donne forme à l'idée, une forme parfaite, car Maurice André ne joue pas la musique, il est la musique...parce-que la musique est le langage secret de l'humaine condition.

 

Paris, 22 Avril 2002

Jean-Michel René SOUCHE
(Jan LEONTSKY)

 

*"Une nation s'éteint quand elle ne réagit plus aux fanfares ; la décadence est
la mort de la trompette." (Cioran, Syllogismes de l'amertume).

 

 

www.maurice-andre.com

 

 

english version

 

Maurice Andre, the blow of emotion

Essay

 

There cannot be found, in the musical history, a more ancient instrument than the trumpet, except human voice, ovbiously, which is a natural instrument. Because trumpet incarnates breath. The martial origins of the trumpet are verging on popular music, far beyond an aristocratic atmosphere. This has unfortunately been so for centuries and it appears that we still live in the limbos of this too heavy past history.

The XXIth century will tell us if the huge work accomplished by Maurice Andre will bare new fruits or not.

Originally, trumpet proclaims. It brings messages ahead in order that these messages can be well heard, well understood. Trumpet magnifies everything : the glory of kings, the lost of a battle, the God judgement itself...Who wants to be heard clearly will always use trumpet's voice.

The trumpet becomes the orator who doesn't say anything but whose sonorous breath captures the ears and trap them. Trumpet compells people to hear its message. It is an imperator de facto and nothing could resist it, even the city walls.

The trumpet is public, it belongs to great ceremonies, popular manifestations, bals and public gazebos. Trumpet doesn't belong to private salons, to polished meetings of the upper class...Trumpet storms where the crowd is gathered. It is the instrument of extremes : the street or the palaces. Its powerful voice doesn't care for boudoirs.

But today, trumpet is no more what it 's been for centuries. An artist of exception has risen up against this tradition and this artist is...Maurice Andre.

Maurice Andre has prooved that trumpet could play another part that the one it's been played formerly as an instrument of Power and Proclaiming. He showed that trumpet has its single own voice, a peculiar voice, sometimes sensational, sometimes frail as a dream, sometimes hesitating...

Maurice Andre simply showed us that trumpet had a soul.

What is charming us when hearing the trumpet of Maurice Andre is not what he's playing, but the sonority of his playing. This sonorous enveloppe is charming us because this breath is unique. Where was brutality, now is sweetness, where was War, now is the peace of twilight and where was passions, now is serenity. This is a unique feat of skill... The extraordinary sound of this artist speaks to our very heart.

From this very moment, we understand that trumpet is destined for a new future, a flaming future. A new way is opened under our eyes : emotion is now possible. This is not the old forced emotion, as compelled, but a free willing emotion... The auditor is under the charm.

Maurice Andre discovered that trumpet was only a mean , that the essential wasn't here, in this piece of brass, but that the essential thing was the emotion of a singing.

Because Maurice Andre does sing through this resonator of copper. It is his voice which brings us to this most unique emotional journey, nothing else.

His secret is all here.

By this unmatched artist, trumpet becomes a pure emotional breath.

There's something so frail, so fugitive in this trumpet sound. It becomes even stronger than human's voice...because it is a pure breath, before all. Something more than human resonates in this trumpet, as an hereafter of the emotion.

This is an enchantment that this artist is giving to us.

There's only two kind of artists : the one who creates, the one who expresses what has been created.

Maurice Andre is from the second kind, he incarnates music with the simplicity and the humility of great men. His breath gives form to the idea, a perfect form, for Maurice Andre doesn't play music, he is music himself...

Because music is the secret language of human condition.

 

Paris, 22th of April 2002

Jean-Michel René SOUCHE
(Jan LEONTSKY)

 

 

 

www.maurice-andre.com

  

 

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